Soleil trompeur

Le soleil brille, c'est sûr, mais ici ce n'est pas trop la joie. Super Mamie boîte toujours, et je l'entends pousser des petits cris de douleur lorsqu'elle déplace son genou, même sur le canapé et dans le lit.Et même lorsqu'elle ne bouge pas, elle a mal, je le vois bien!

Lundi elle s'est rendue chez le médecin: il a constaté que son état ne s'était pas amélioré, et a prescrit des anti inflammatoires, du paracétamol , plus une ordonnance pour aller passer une radio et une IRM. Le rendez-vous à la clinique a été facile à obtenir pour le mercredi matin, mais l'IRM c'est une autre paire de manches. La date du 23 août a été retenue.L'urgence est relative.

En attendant, toujours obligation de rester tranquille à la maison, ce qui n'est pas dans les habitudes de ma coloc.Heureusement, il y a le tour de France l'après-midi, et quelques séries pas encore vues, mais les programmes la télé estivale font plus dans la répétition que dans l'inédit.

Mercredi matin, donc, départ de bonne heure pour la radio.Super Mamie a été surprise par la rapidité de passage, mais elle a vite déchanté parce que la suite a été plus longue! Elle a attendu plus d'une heure le compte rendu, et a eu l'occasion d'assister à quelques scènes assez bizarres. Le personnel d'accueil n'a pas toujours la vie facile dans les cliniques, et certains patients ont l'air assez difficiles.Ce serait drôle si la santé des gens n'était pas en jeu.

Quand elle a eu l'enveloppe et les clichés, la lecture du baratin médical ne lui a pas remonté le moral."Net pincement du compartiment fémoro-tibial interne avec réaction ostéophytique du plateau tibial et du condyle fémoral adjacent". Pour la rotule, bon centrage, et pas d'anomalies des parties molles (si, si!). à interpréter en fonction de l'IRM prévue prochainement (dans plus d'un mois!)

Déjà, sa douleur n'était pas imaginaire, mais ça ne la consolait pas pour autant.La situation n'était pas brillante.Je la comprends: moi aussi je déprimerais si on m'obligeait à rester vissée sur mon canapé .

Les pitreries du gros siamois (qui mincit à vue d’œil depuis qu'il pratique l'escalade, et la visite de tous les toits du voisinage) la distraient bien un peu, mais ne suffisent pas à lui faire oublier ce genou qui risque de lui pourrir son été.

En fin d'après-midi, retour chez le médecin avec la Grande. Apparemment, la situation n'était pas si grave: le responsable était sans doute un ménisque défaillant. Pour la douleur, à part le repos complet, il n'avait pas de solution, et a commencé à sous-entendre que ma coloc exagérait à cause de sa cervelle défaillante.Bref à l'en croire la douleur était plus psychologique que réelle! Il a ajouté que le camping lui paraissait absolument contre indiqué, avant de modérer ses propos en voyant le chagrin de Super Mamie. Là, c'était trop !Elle a réussi à obtenir une lettre pour l'orthopédiste, ainsi qu'une prescription pour une genouillère.Je crois qu'elle va changer de docteur. Faut pas pousser Super Mamie dans les orties...

Prendre un rendez-vous chez un spécialiste c'est encore pire que pour l'IRM: 6 octobre! Mieux vaudrait se casser la jambe, finalement!

En attendant,elle essaie de marcher le moins possible, et de gérer la douleur en prenant du paracétamol régulièrement, ce qui est facile parce que le genou se rappelle à son bon souvenir toutes les 4 heures, qu'elle bouge ou non.Des douleurs imaginaires comme ça, je vous les recommande!

Elle se tartine le genou avec de l'argile verte, avec un maigre résultat.L'application du patch froid fait aussi partie du programme.Elle a même essayé l'arnica hier soir.

Elle est tout de même allée jouer au club vendredi après-midi, pour se changer les idées. Ce qui ne la rassure pas, c'est que conduire lui fait un mal de chien, et que la perspective de rester dans la caisse à roulettes trois heures pour partir en vacances n'a rien de réjouissant.Et gérer les promenades pour la douche ou les toilettes lui semble difficile pour l'instant.

Ça lui ferait du bien de changer d'air, mais elle a peur de ne pas pouvoir tenir le coup, même si la Grande vient la rejoindre. Moi, je m'en moque un peu: je viens manger vers midi, et je repars dans ma cachette, hors de portée du patrouilleur aux yeux bleus,puis le soir je fais quelques entrées par la fenêtre. Il fait beau alors je vis dehors! Je n'ai pas de problèmes de cartilage ou d’ostéophytes, moi!

Même Gizmo prend son indépendance: lui qui passait son temps sur les genoux de Super Mamie a de nouvelles habitudes. Le matin il sonne le réveil en faisant tomber les livres de la table de nuit. Il apporte des trucs inidentifiables dans la chambre: des espèces de mousses, peut-être ramassées sur un toit, puis il mange avec Bouboule, et commence une sorte de rodéo dans le jardin. Il pourchasse les feuilles, les mouches,Bouboule, moi, monte sur le toit de l'abri de jardin, le mur, la véranda, redescend par le velux de la salle de bains, et quand il est bien fatigué, il se poste à la fenêtre de la chambre pour observer ce qui se passe dans la rue. Ensuite il s'étale sur le lit et fait la sieste jusqu'au soir. Il recommence ses aventures quand le soleil se couche, en bon gremlin qu'il reste.J'ai beaucoup de mal à lui échapper: il voudrait jouer avec moi, mais je refuse obstinément. On verra cet hiver: je serai peut-être obligée de partager la maison avec lui, mais pour l'instant chacun son territoire. Le sien s'agrandit tous les jours!

Le patrouilleur en chef! Non mais de quoi je me mêle?

Notre domaine fleuri. J'espère quand même que Super Mamie ne va pas y passer le mois d'août!